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Des épisodes méditerranéens violents se multiplient sous l’effet du réchauffement climatique

Ce sont des déluges tellement soudains et brutaux qu’ils peuvent entraîner des paysages de désolation et des bilans tragiques. Six personnes sont décédées dans le Gard et en Ardèche, ce week-end, après de violentes intempéries qui ont gonflé les cours d’eau et provoqué de graves inondations. Depuis début février, la France a été frappée par trois de ces phénomènes que l’on appelle « épisodes méditerranéens », pourtant rares en hiver.
« Tous les ingrédients étaient réunis alors que les régions méditerranéennes françaises ont été touchées par une succession de perturbations », explique Aurélien Ribes, chercheur à Météo-France au Centre national de recherches météorologiques (CNRM).
Les 9 et 10 mars, la tempête Monica a poussé sur les côtes du sud de la France un air chaud chargé d’humidité provenant notamment de la mer Méditerranée. En heurtant les reliefs montagneux, l’air s’est élevé et s’est refroidi, entraînant la formation de fortes précipitations. Des systèmes orageux d’autant plus intenses qu’ils stagnent sur les mêmes zones, coincés par les montagnes. Les cumuls ont par exemple atteint 110 à 160 millimètres en vingt-quatre heures sur le mont Aigoual ou les Causses, 100 à 140 millimètres dans l’arrière-pays nîmois ou encore entre 170 et 180 millimètres vers Villefort (Lozère).
« Les sols, déjà saturés en eau à la suite des nombreuses perturbations de l’hiver, ont généré des ruissellements se transformant en crues », ajoute Cindy Lebeaupin Brossier, chercheuse CNRS au CNRM, qui a participé au programme de recherche HyMeX mené entre 2010 et 2020 pour mieux comprendre les épisodes méditerranéens.
Ces pluies torrentielles, qui surviennent en moyenne trois à six fois par an en France – avec une forte variabilité –, se produisent le plus souvent à l’automne, à une saison où le contraste est important entre les températures de la Méditerranée et celles qui sont observées en altitude. Mais elles peuvent en réalité se déclencher à n’importe quel moment de l’année. « Il est plus rare mais pas inédit d’observer de tels phénomènes en mars », indique Cindy Lebeaupin Brossier. Des précédents ont ainsi eu lieu au même mois en 2022, 2018, 2013 ou encore 2011, dans l’Hérault, sur les Cévennes ou encore dans le sud des Pyrénées-Orientales.
Les températures élevées de la Méditerranée et surtout de l’océan Atlantique, ou l’hiver très chaud enregistré en France ont-ils joué un rôle dans la survenue de tels phénomènes ces dernières semaines ? « Le réchauffement de la Méditerranée n’est pas un élément déclencheur mais amplificateur », répond Cindy Lebeaupin Brossier. Rien n’indique d’évolution de la saisonnalité de ces crues brutales.
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