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Tunisie : l’opposant Jaouhar Ben Mbarek condamné à six mois de prison

Un an jour pour jour après son arrestation, Jaouhar Ben Mbarek, le leader du mouvement Citoyens contre le coup d’Etat, a été condamné par un tribunal de Tunis à six mois de prison ferme pour ses déclarations critiques des élections, a appris l’Agence France-Presse (AFP), samedi 24 février, auprès de Me Ayachi Hammami, son avocat.
Détenu dans le cadre d’une autre affaire de « complot contre la sûreté de l’Etat », ce cofondateur du Front de salut national (FSN), la principale coalition d’opposition du pays, a été condamné pour des propos critiques des législatives de 2022, qu’il avait qualifiées de « coup d’Etat ridicule ».
Figure de la gauche tunisienne, âgé de 56 ans, Jaouhar Ben Mbarek est un spécialiste en droit constitutionnel et ancien conseiller à la présidence du gouvernement. Il a été condamné en vertu du « décret-loi 54 », dénoncé comme un moyen de « répression » de la liberté d’expression par des ONG locales et internationales.
« Jaouhar Ben Mbarek a été condamné sans avoir la possibilité de se défendre », a protesté son avocat. En grève de la faim depuis treize jours pour dénoncer sa détention, qualifiée d’« arbitraire et sans fondements », selon son comité de défense, M. Ben Mbarek « était incapable, en raison de son état de santé, de se déplacer au tribunal de première instance et d’être présent à l’audience », a expliqué l’avocat. « Le juge a levé l’audience pour examiner une demande de report de la défense, mais, au lieu de cela, il a prononcé son verdict dont nous n’avons été informés que samedi », a déploré Me Ayachi, ajoutant que la défense comptait faire appel.
« Il est condamné à six mois de prison pour un délit d’opinion, je suis vraiment scandalisé », a réagi auprès de l’AFP Ahmed Néjib Chebbi, cofondateur du FSN, formation dont est aussi membre le parti islamo-conservateur Ennahda, bête noire du président, Kaïs Saïed.
Plusieurs autres opposants, dont Issam Chebbi, un responsable connu du FSN, observent aussi une grève de la faim, selon leurs avocats. Le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, 82 ans, qui avait rejoint le mouvement, a mis fin à sa grève de la faim mercredi pour éviter des complications de santé, a fait savoir son parti.
De nombreuses ONG tunisiennes et internationales ont condamné les poursuites judiciaires contre les opposants et réclamé leur remise en liberté.
Elu démocratiquement en octobre 2019 pour un mandat de cinq ans, M. Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, faisant vaciller la jeune démocratie née de la première révolte du « printemps arabe », en 2011.

Le Monde avec AFP
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